Déséquilibre et équilibre, un paradoxe à réconcilier et célébrer!

Je viens de terminer une marche sur Mont-Royal, notre petite montagne, précieux joyau  au centre de Montreal.

J’aime faire le tour de la Croix qui est au sommet de la montagne. Cette fois-ci, le chemin est fermé en partie pour raisons de travaux. Alors j’emprunte un chemin alternatif dans les bois. L’automne offre sa panoplie de couleurs et d’odeurs. Quel plaisir de marcher sur ce parterre de feuilles sèches qui craquent sous mes pas. Tous mes sens sont en éveil.

Le défi dans la descente est de d’éviter de trébucher sur les racines et les pierres cachées par les feuilles multicolores.

Tout à coup je me fais dépasser par un jeune cabri, je veux dire un jeune homme qui descend la montagne en sautillant à vive allure.

Je m’observe!

Est-ce que je l’envie? Suis-je envieuse de ce jeune cabri qui me rappelle que je n’ai plus vingt ans! Je viens de célébrer mes soixante neuf ans. Suis-je en train de regretter le bon vieux temps où je faisais de même.

En fait, je n’ai pas besoin de remonter si loin dans le temps. Il y a deux ans, je marchais à vive allure sur cette même montagne à l’automne. Ma vitesse m’a empêchée de percevoir les racines et les pierres cachées sous les feuilles multicolores, ce qui s’est soldé par une entorse sévère!

À travers les années, J’ai pris l’habitude de tirer des enseignements ce que la vie m’offre, que ce soit des aventures agréables ou des évènements moins agréables.

Dans le cadre du studio en ligne Vieillirsansretrecir.com, les membres du studio et moi-même avons eu une causerie autour du livre de Marie de Hennezel, « La chaleur du cœur empêche nos corps de rouiller, Vieillir sans être vieux » Dans son livre passionnant, elle nous invite à changer notre regard sur le vieillissement et surtout sur nous-même. Elle nous invite à accueillir et accepter de vieillir et prendre conscience de la « fécondité du temps », continuer à savourer la vie même si notre corps et notre fonctionnalité changent. Accepter que notre rapport au temps change et que cela ne sert à rien de s’accrocher à ce qui n’est plus.

Quel rapport avec ma marche en forêt et le fait de me faire dépasser par ce jeune cabri?

Si je me compare avec lui, je vais inexorablement emprunter le chemin de la frustration, du jugement personnel, de ne plus être à la hauteur. Marie de Hennezel cite Herman Hesse : « Le sentiment de tristesse qui nait de l’attachement à ce qui est perdu n’est pas bon et ne correspond pas au véritable sens de la vie. »

Certes je constate les changements et certaines pertes. Mais ça m’apporte quoi d’être triste de ne plus courir pour descendre une pente en forêt. Moshe Feldenkrais disait : « si je sais ce que je fais, je peux faire ce que je veux ».  Et s’il y avait d’autres options pour descendre de façon confortable et agréable.

Certes mon entorse préalable, m’invite à la prudence.  Mais pour que celle-ci ne transforme pas en crainte chronique qui rétrécirait ma joie de bouger, je comprends que cette expérience de blessure me rappelle l’importance nécessaire et indispensable de ralentir pour ajuster mon équilibre et ma sécurité.

C’est une invitation à porter attention à chaque pas et prendre conscience de la façon dont je pose mon pieds au sol, à raffiner ma proprioception afin de ressentir chaque racine et chaque cailloux caché sous les feuilles et  me permettre de réajuster  mon  équilibre en fonction d’un terrain changeant.

Et cela passe par la conscience de ce que je fais, comment je marche, comment j’organise mon mouvement.

Je réalise qu’accepter de vieillir ne veux pas dire renoncer ou abandonner. Lâcher prise c’est garder la curiosité pour découvrir et pratiquer les ingrédients dont dépend mon équilibre. Cela sauvegarde ou restaure la confiance dans mes déplacements et mes changements de position et surtout prévient les chutes. Ralentir, prendre conscience de chaque pas et de chaque pierre qui se cache sous mes pas, voilà un nouveau défi pour mon cerveau.  Et il n’y a pas de limite d’âge pour ça. Je veux apprendre à profiter pleinement du moment et développer un confort dans les instants de déséquilibres temporaires lors des ajustements aux terrains inégaux pour me recentrer.

Réconcilier le déséquilibre avec l’équilibre devient la garantie d’un vieillissement vivant avec la conscience de notre vulnérabilité et du maintien de notre désir de continuer à avancer dans la vie jusqu’à un âge avancé.  N’est-ce pas un paradoxe à découvrir et à célébrer?

Si cette aventure vous tente,  venez participer à  cette deuxième journée vieillir sans rétrécir, sur le thème : célébrer votre équilibre.

 

 

 

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1 réflexion au sujet de “Déséquilibre et équilibre, un paradoxe à réconcilier et célébrer!”

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