Vivre une respiration libre?

La respiration : Être à bout de souffle, ou prendre le temps de souffler, sont des expressions pleines de sens connues dans notre langage quotidien. La plupart du temps nous respirons le minimum vital pour ne pas mourir ce qui est bien loin d’une inspiration et une expiration bienfaisante. Il est vrai que le fait d’oublier de respirer est d’ailleurs fréquent dans nos activités de la journée dès que nous sommes concentrés.

Conscience de soi-couverture de livre Claudie PfeiferOr la respiration est fondamentale pour vivre une vie de qualité. Pourtant, au cours de ma carrière, j’ai souvent entendu cette phrase : «  Je ne sais pas respirer  ». Nombreux sont ceux qui pensent manquer de compétence respiratoire. Lorsque j’ai écrit mon livre « vivre en forme sans violence » en 2007, le chapitre 3 consacré à la liberté répondait à la question de savoir s’il est possible d’apprendre à respirer. (Voir l’image à gauche)

Dans mes classes Emballons-nous/ Des os pour la vie, il est souvent nécessaire de rappeler la nécessité de respirer. Fréquemment, pendant les exercices, je pose une question qui amuse mes élèves : « Est-ce que vous respirez encore ? » Ça les fait rire et ça contribue à un début de détente. En effet, ils sont nombreux à être en apnée. Ils confondent concentration et tension et retiennent leur respiration. Le fait de s’arrêter leur permet de prendre conscience de leur tendance à l’apnée.

C’est alors que se présentent deux façons de résoudre cette habitude d’être en apnée.

 

Deux écoles de pensée à propos de la respiration 

La première s’appuie sur le fait que la respiration est une fonction naturelle indépendante de votre volonté. La qualité respiratoire dépend de notre équilibre somatique. Il s’agira de défaire les tensions qui entravent les mouvements respiratoires pour la libérer.

La deuxième considère que la respiration peut être contrôlée et que ça s’apprend.

Il ne s’agit pas d’opposer ces écoles de pensée, mais plutôt de voir en quoi elles se complètent.

 

1) Vers une respiration libre

Ceux qui connaissent mon travail savent que mon enseignement en éducation somatique s’appuie sur la première école de pensée. L’éducation somatique repose sur le principe que savoir respirer n’a rien à voir avec un contrôle, mais plutôt d’une libération de la respiration par un apprentissage global de la conscience de son corps en mouvement.

Un petit exemple personnel pour illustrer mes propos : J’ai participé à une masterclass de chant cet été.  Je chante depuis longtemps, mais cette fois-ci, chanter en solo devant les autres me stressait. J’avais le trac et je me comparais aux autres. Ça n’allait pas bien. J’avais le souffle court et ma voix n’était pas au top. J’essayais pourtant de rallonger mon souffle pour modeler les phrases. Ça ne marchait pas.

Le professeur m’a dit de retravailler et de me présenter à nouveau le lendemain. J’avais le choix de rester frustrée par mon incompétence. J’ai plutôt choisi de pratiquer ce que j’enseigne.

Le lendemain, avant la masterclass, j’ai pris 90 minutes pour me mettre globalement en mouvement avec mes ballons. J’ai pris conscience de mes appuis, de la relation entre les pieds, le bassin, les côtes, le sternum et la mâchoire. J’ai relâché les tensions de la cage thoracique. Une fois debout, je pouvais ressentir l’impact sur ma posture qui s’était redressée. Je venais d’accorder mon instrument corporel. Lorsque j’ai chanté à nouveau, ce fût sans effort. Ma respiration était vivante accordée à ce que j’avais à faire dans l’instant : chanter.

De notre naissance jusqu’à notre dernier souffle, nous ne devrions pas avoir à nous occuper de notre respiration. Nous sommes des êtres vivants et, par conséquent, nous respirons. Lorsque naît un bébé, on ne lui apprend pas comment respirer ; il respire, un point c’est tout. Observer un bébé qui respire est très instructif. Tout bouge. La respiration est réflexe et donc indépendante du contrôle du cortex cérébral. Elle est étroitement associée au système nerveux réflexe autonome, les systèmes sympathique et para- sympathique.

Mais plus nous avançons dans notre expérience de vie, plus nous perdons cette liberté respiratoire pour toutes sortes de raisons liées aux stress de la vie quotidienne (les habitudes de vie, les changements posturaux, les nécessités psychologiques…) Le stress normal permet de s’adapter à notre environnement. Mais un stress mal géré va affecter notre corps et rétrécir l’amplitude respiratoire.

Lorsque nous sommes soumis à des agents stresseurs, notre corps réagit instinctivement en mettant en branle un système d’alarme interne. Le système sympathique s’emballe, par exemple, le cœur bat plus vite, la température du corps augmente, le péristaltisme des intestins s’active, la respiration s’accélère, le corps se tend. La flexibilité diminue et le tonus se change en tension sans qu’il puisse y avoir relâchement.  Le corps réagit en se rétractant, ce qui entraîne une contraction de tous les muscles, dont les intercostaux et les muscles abdominaux et les diaphragmes.  Si le stress est mal géré, ces nombreuses tensions vont devenir chroniques et entraver la liberté respiratoire.

Livre Respirer des pieds à la tête.Pour respirer plus librement, il faudra apprendre à prendre conscience de nos tensions qui limitent la respiration pour les transformer. En permettant au sujet de recouvrer sa liberté de bouger, les vagues respiratoires seront indirectement libérées sans la participation de la volonté, par une réduction des effets des agents stresseurs grâce à une mobilisation tout en douceur.

J’en profite pour vous parler de l’excellent livre « respirer des pieds à la tête » de ma collègue Lucie Trétreault, physiothérapeute et éducatrice somatique. Elle aborde la respiration dans sa globalité, selon la Gymnastique Holistique, une autre méthode d’éducation somatique.  Elle nous fait découvrir l’existence des différents diaphragmes et comment ceux-ci interagissent pour optimiser la respiration et la libérer. (Voir l’image à droite)

Pour elle, comme pour moi : devenir conscient de son corps, ressentir ses limites, les transformer à l’aide des micro-mouvements,  influence  la  qualité de la respiration.

 

2) Vers une respiration contrôlée

La deuxième école de pensée propose d’apprendre à contrôler sa respiration. Par exemple, Les arts martiaux, le yoga, le Pilates, la marche afghane ou certaines pratiques de méditation sont enseignés avec une relation étroite au le contrôle respiratoire.  J’ai moi-même pratiqué l’aïkido et le kinomichi pendant de nombreuses années. La respiration contrôlée était à la base des sons dans les divers enchainements.

Parfois, une respiration volontairement contrôlée peut être d’un grand secours dans les cas d’anxiété et d’attaques de panique. Bien enseignée, cette technique permet de retrouver son calme lorsque survient une crise anxiogène. Il s’agit d’apprendre à expirer tranquillement pour relâcher son corps, et de faire diminuer l’hyperventilation provoquée par une inspiration trop agitée.

Dans les techniques de manutention, il est bien utile de savoir contrôler sa respiration pour déplacer un meuble lourd ou soulever une charge sans se blesser. Apprendre à mobiliser le muscle abdominal transverse à l’aide d’une profonde expiration constitue une action préventive pour déployer sa force tout en protégeant son dos. Et cela s’apprend par un entrainement conscient et répétitif.

Je pense que c’est à chacun de choisir les chemins sur lequel on se sent plus confortable. Moi je préfère pratiquer et enseigner la voie qui vise la libération des entraves respiratoires. Je crois que la vraie liberté est de choisir l’école de pensée dans laquelle on se sent bien.

Vos commentaires et questions sont les bienvenus en bas de l’infolettre. Je répondrais à tous vos messages.

Vous êtes invités à apprendre à ressentir votre respiration avec ce petit exercice de respiration libre à l’aide de ce MP3.

Cette vidéo montre à quel point tout le tronc est impliqué dans la respiration totale

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