Accorder son instrument corporel!

Après plusieurs semaines de vacances, je suis de retour à Montréal.

Ce long moment de pause m’a fait réfléchir sur la nécessité d’accorder notre corps comme on accorde un instrument pour l’aider à jouer avec résonnance, justesse et harmonie.

Que serait la musique sans pause, sans soupir, sans rondes ou autres notes lentes en alternance avec des croches ou doubles croches.

Que serait la musique sans alternance entre ritardando et presto ou staccato et legato… La beauté de la musique ne dépend-elle pas de la variété et de la richesse rythmique?

Au niveau humain c’est la même chose.  Nous sommes des êtres rythmiques.  Notre corps est notre instrument le plus précieux qui risque de sonner faux si nous oublions de l’accorder pour vibrer à l’unisson avec le monde qui nous entoure.
Le modèle occidental du performant à toute épreuve qui privilégie l’excellence dans la rapidité aboutit inévitablement à jouer faux.  Lorsque notre corps se désaccorde, nos rythmes perdent leur synchronicité avec des risques pour notre équilibre de vie.

Introduire la lenteur dans nos rythmes effrénés n’a rien à voir avec la paresse.  C’est la seule opportunité pour prendre le temps de s’écouter, de s’ajuster, de sortir de l’habitude de se dépasser sans cesse. Il est ensuite possible de différencier les rythmes, et de jouer avec les réalités de notre existence qui nous demandent parfois d’accélérer.

La vraie liberté, selon moi, est de varier les rythmes en fonction de ses besoins dans le respect de soi-même.

Accorder son instrument corporel avec conscience et lenteur permet d’éveiller ses sens que ça soit, percevoir sa petite voix intérieure pour nous guider dans la vie, ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure ou découvrir un passage inconnu, apprécier un bel arrangement floral ou le parfum naturel d’une rose, prendre le temps de bavarder avec des voisins.

« S’accorder », c’est s’ajuster aux contraintes extérieures, mais aussi se rendre disponible à ce qui émerge en nous dans un processus de création.  Écrire, par exemple, nécessite de s’arrêter, de se ménager son espace, une sorte de vide où les mots témoins de l’expérience peuvent être cueillis comme un fruit mûr et couchés sur le papier.

Lorsque, au terme d’une folle journée, mes élèves entrent dans le studio, ils ne sont souvent qu’une tête sur deux pattes, habités par d’innombrables préoccupations et conséquemment coupés de leurs sensations. Leur corps n’est plus accordé : c’est comme si leur fluidité était emprisonnée. Le fait de retrouver un état de lenteur permet d’ouvrir les vannes et de laisser le mouvement couler à nouveau dans leur corps. Ces séances sont un moment privilégié pour des femmes et des hommes qui ont choisi de s’offrir une pause où la lenteur devient une clé pour accéder à un monde de sensations et de mouvements presque imperceptibles appelés « micromouvements ».

Ce ralentissement permet alors de rentrer à l’écoute de soi-même et de percevoir son corps comme un capital précieux et sa dimension sacrée

La méthode Emballons-nous est une invitation à se mettre au diapason « corporel », pour composer avec la diversité et créer notre vie comme une véritable symphonie !

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